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Le Journal de Kafka

~ nouvelle traduction par Laurent Margantin

Le Journal de Kafka

Archives Mensuelles: mai 2013

#journalkafka, premier cahier, 51

31 vendredi Mai 2013

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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bordel

Au B. Suha avant avant-hier. La Juive avec un visage étroit, ou plutôt un visage qui se perd dans un menton étroit, mais qui est secoué dans sa largeur par une coiffure longue et onduleuse. Les trois petites portes qui, de l’intérieur du bâtiment, mènent au salon. Les clients comme dans un corps de garde sur une scène, boissons sur la table, on y touche à peine. Celle au visage plat dans une robe grossière qui commence seulement à bouger tout en bas, au niveau de l’ourlet. Quelques-unes habillées ici et par le passé comme des marionnettes de théâtre pour enfants, comme on en vend au marché de Noël c’est-à-dire avec des ruches et de l’or collés et cousus à points lâches, de telle façon qu’on puisse les découdre d’un coup et qu’elles partent en lambeaux entre vos doigts. La tenancière à la chevelure blonde mate fortement tirée sur des bigoudis certainement dégoûtants, au nez qui descend de manière abrupte, dont la direction est dans un rapport géométrique quelconque avec les seins tombants et le ventre maintenu raide, se plaint de maux de tête causés par le fait que c’est samedi aujourd’hui, qu’il y a du vacarme et il n’en est rien.

#journalkafka, premier cahier, 50

31 vendredi Mai 2013

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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judaïsme, livre de prières, synagogue

1er octobre 1911 Synagogue d’Altneu hier. Kol Nidre. Murmure étouffé comme à la Bourse. Dans le vestibule boîte avec l’inscription : « Les dons charitables faits en silence apaisent l’indignation ». Intérieur pareil à celui d’une église. Trois hommes pieux visiblement des Juifs de l’est. En chaussettes. Penchés sur le livre de prières, le manteau de prière rabattu sur la tête, devenus aussi petits que possible. Deux pleurent, émus seulement par le jour de fête ? L’un a peut-être simplement mal aux yeux, sur lesquels il applique rapidement son mouchoir encore plié pour pouvoir rapprocher aussitôt son visage du texte. Ce n’est pas véritablement ou principalement le mot qui est chanté, mais à sa suite on file des arabesques à partir du mot fin comme un cheveu. Le petit garçon qui, sans la moindre idée de tout ce qu’il y a autour et sans aucune possibilité de s’orienter, le bruit dans les oreilles, se pousse parmi les gens et est poussé. Celui qui semble être un commis se secoue rapidement en priant, ce qui ne peut être vu que comme une tentative d’accentuation aussi forte que possible, même si elle est incompréhensible, de chaque mot, grâce à quoi il ménage sa voix qui, d’ailleurs, dans tout ce bruit, ne pourrait produire une accentuation claire et prononcée. La famille du tenancier de bordel. A la synagogue de Pinkas j’étais saisi d’une façon incomparablement plus forte par le judaïsme.

#journalkafka, premier cahier, 49

31 vendredi Mai 2013

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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métamorphoses, Szafransky

Safranski, élève de Bernhard, pendant qu’il dessine et observe, fait des grimaces en rapport avec ce qu’il dessine. Me rappelle que j’ai pour ma part une forte capacité de métamorphose que personne ne remarque. Combien de fois ai-je dû imiter Max. Hier soir en rentrant chez moi j’aurais pu me confondre avec Tucholski si je m’étais vu en tant que spectateur. Le caractère étranger doit être aussi évident et invisible que la figure cachée dans un tableau à secret où l’on ne trouverait d’ailleurs jamais rien si l’on ne savait qu’elle s’y trouve. Lors de ces métamorphoses j’aimerais surtout croire que ce sont mes propres yeux qui se troublent.

#journalkafka, premier cahier, 48

31 vendredi Mai 2013

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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Tucholsky

Tucholski et Safranski. Le dialecte berlinois et ses aspirations où la voix a besoin de pauses qui sont formées par les « nich ». Le premier un homme de 21 ans, d’un seul tenant. En commençant par le geste fort et mesuré pour brandir sa canne qui lui soulève les épaules comme s’il était un jeune homme, jusqu’à son amusement délibéré et son mépris de ses propres travaux littéraires. Veut devenir avocat de la défense, ne voit que peu d’obstacles – en même temps que la possibilité de les écarter : sa voix claire qui, après la sonorité masculine qui est la sienne pendant la première demi-heure à parler, semble devenir pareille à celle d’une jeune fille – doute quant à sa capacité à poser qu’il espère cependant acquérir à travers une plus grande expérience du monde – enfin peur d’une métamorphose en porteur de la misère du monde, comme il l’a remarqué chez des Juifs berlinois plus âgés et de la même tendance que lui, il est vrai qu’il ne ressent rien de semblable pour l’instant. Il va bientôt se marier.

Nich ou nicht, équivalent de n’est-ce pas en français (Note du traducteur)

#journalkafka, premier cahier, 47

31 vendredi Mai 2013

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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bordel, constipation, Kubin, Regulin

Kubin encore : son habitude de répéter les derniers mots de l’autre personne toujours sur un ton approbateur même s’il s’avère à travers ses propres paroles ensuite qu’il n’est absolument pas d’accord avec cette autre personne. Énervant. – En écoutant ses nombreuses histoires on peut oublier la valeur de cet homme. Soudain on s’en souvient et on est effrayé. Ainsi quand on a parlé d’un établissement où nous voulions aller en affirmant qu’il était dangereux, il a dit qu’il n’irait pas ; je lui ai demandé s’il avait peur à quoi il a répondu et d’ailleurs il était encore accroché à moi : Bien sûr, je suis jeune et j’ai encore beaucoup de choses à vivre. – Pendant toute la soirée il a parlé souvent et à mon avis très sérieusement de ma constipation et de la sienne. Vers minuit il a vu une partie de mon bras alors que j’avais laissé pendre ma main au bord de la table, et il s’est exclamé : Mais c’est que vous êtes vraiment malade. A partir de cet instant il m’a traité de façon plus conciliante et plus tard il s’est opposé aux autres quand ils ont voulu me persuader d’aller avec eux au B. Alors qu’on s’était déjà dit au revoir, il m’a encore crié de loin « Regulin ! »

#journalkafka, premier cahier, 46

31 vendredi Mai 2013

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jeunes filles

La fille dans la chambre d’à côté avant-hier (Helli Haas). J’étais allongé sur le canapé et j’entendais sa voix alors que j’étais à moitié endormi. J’avais l’impression qu’elle était habillée de façon particulièrement épaisse, non seulement par ses vêtements, mais par la chambre d’à côté tout entière, seules ses épaules modelées, nues et rondes, fortes et sombres, épaules que j’avais vues dans la salle de bain, rivalisaient avec ses vêtements. Un instant il m’a semblé qu’elle dégageait de la vapeur et qu’elle remplissait toute la pièce voisine avec cette vapeur. Puis elle est apparue debout, vêtue d’un corsage gris cendre qui s’écartait tellement du corps en bas qu’on pouvait s’asseoir dessus et pour ainsi dire le chevaucher.

#journalkafka, premier cahier, 45

30 jeudi Mai 2013

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nez, photographies

Cabaret Lucerna. Lucie König expose des photographies où l’on voit des coiffures d’autrefois. Visage dévasté. Parfois elle obtient un effet quand le nez est levé, le bras dressé et tous les doigts tournés. Visage flasque. – Longhen (peintre Pittermann) farces mimiques. Une réalisation visiblement sans joie, mais dont on ne peut penser qu’elle soit si triste, car sinon elle ne serait pas représentée tous les soirs, surtout qu’elle était déjà si triste au moment de son invention qu’aucun schéma satisfaisant n’est apparu qui aurait épargné les apparitions assez fréquentes de l’homme tout entier. Joli saut de clown par-dessus un fauteuil dans le vide des coulisses latérales. L’ensemble rappelle une représentation dans un cercle privé où l’on applaudit particulièrement une réalisation pénible et insignifiante parce qu’on souhaite se montrer sociable, et afin que le « moins » de la représentation soit parfaitement arrondi par le « plus » des applaudissements. – Le chanteur Vasata. Si mauvais qu’on se perd à le regarder. Mais comme c’est un homme robuste il arrive malgré tout à conserver tant bien que mal l’attention du public grâce à une force animale dont je suis certainement le seul à être conscient. – Grünbaum agit grâce à la désolation de son existence, qui n’est soi-disant qu’apparence. Odys danseuse. Hanches raides. Une véritable absence de chair. Ses genoux rouges me vont pour la danse « Etat d’âme printanier ».

#journalkafka, premier cahier, 44

30 jeudi Mai 2013

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chutes du Rhin, Goethe, journal, paysage

29.IX.11 Le Journal de Goethe : un homme qui ne tient pas un journal est dans une fausse position par rapport au journal d’un autre. Lorsqu’il lit p.e. dans le Journal de Goethe « 11.I 1797 occupé toute la journée à la maison par diverses choses à régler » il lui semble que lui-même n’a jamais encore fait si peu dans une journée. – Observations de voyage chez Goethe différentes de celles d’aujourd’hui parce qu’elles ont été faites depuis une diligence peuvent se développer plus simplement en fonction des transformations lentes du terrain et être suivies beaucoup plus facilement même par celui qui ne connaît pas la contrée. Apparaît une véritable pensée du paysage, pleine de sérénité. Comme la contrée s’offre à l’occupant de la voiture dans son caractère originel intact, et que les routes découpent le pays beaucoup plus naturellement que les voies ferrées – qui sont peut-être toutes deux dans le même rapport que les fleuves et les canaux –, le spectateur perçoit celui-ci sans aucune violence et il peut voir sans grand effort de manière systématique. C’est pourquoi il y a peu d’observations instantanées, elles se limitent la plupart du temps à des intérieurs où certaines personnes bouillonnent sous nos yeux sans aucune limite p.e. des officiers autrichiens à Heidelberg, en revanche le passage sur les hommes à Wiesenheim est plus proche du paysage « il porte des habits bleus et des gilets blancs ornés de fleurs tissées » (cité de mémoire). Beaucoup à lire sur les chutes du Rhin à Schaffhouse écrit en plein milieu en lettres capitales « idées éveillées »

#journalkafka, premier cahier, 43

30 jeudi Mai 2013

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cheveux, jeunes filles, robe

Jeudi IX 11 Hier sur la place Wenzel croisé 2 filles, regardé trop longtemps l’une alors que l’autre, comme je l’ai vu trop tard, portait un manteau marron à plis, un peu ouvert devant, souple comme un habit qu’on porte à la maison, et avait un cou et un nez délicats. Ses cheveux avaient une beauté dont j’ai déjà oublié la nature. – Sur le Belvédère un vieil homme avec un pantalon tombant. Il siffle ; quand je le regarde il s’arrête ; je détourne le regard, il recommence ; finalement, il siffle aussi quand je le regarde. – Le grand et beau bouton joliment fixé au bas de la manche d’une robe de jeune fille. La robe elle aussi joliment portée flottant au-dessus de bottes américaines. Comme il est rare que je réussisse quelque chose de beau et ce bouton insignifiant et sa couturière ignorante y parviennent. – En chemin vers le Belvédère la conteuse dont les yeux animés indépendamment des paroles momentanées parcouraient tranquillement l’histoire jusqu’à la fin – Puissant mouvement du cou d’une fille robuste,

#journalkafka, premier cahier, 42

30 jeudi Mai 2013

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Hamsun, Kubin

26 sept. 1911 Le dessinateur Kubin recommande comme laxatif le Regulin, une algue en poudre qui gonfle dans l’intestin le fait vibrer, qui agit donc de manière mécanique à la différence des effets chimiques malsains d’autres laxatifs qui ne font que déchirer les excréments les laissent donc accrochés aux parois intestinales. – Il a retrouvé Hamsun chez Langen. Il ricane sans raison. Pendant la conversation, sans l’interrompre, il a levé son pied et l’a posé sur son genou, il a pris sur la table une grande paire de ciseaux et a coupé les franges de son pantalon. Misérablement vêtu avec un détail quelconque d’une certaine valeur p.e. la cravate. – Histoires d’une pension pour artistes à Munich, où habitaient des peintres et des vétérinaires (l’école de ces derniers était dans les environs) et où l’on vivait de manière tellement dépravée que les fenêtres de la maison d’en face d’où l’on avait une bonne vue furent louées. Pour satisfaire ces spectateurs, un pensionnaire sautait parfois sur le rebord de la fenêtre et assis comme un singe mangeait sa soupe. – Un fabricant de fausses antiquités qui donnait à ses pièces une apparence dégradée en leur tirant dessus à la grenaille de plomb et qui disait d’une table : Encore trois cafés à boire dessus et on pourra l’envoyer au musée d’Innsbrück. – Kubin lui-même : très fort, visage animé mais d’une façon un peu uniforme, il décrit les choses les plus diverses avec la même tension musculaire. A l’air différemment âgé, grand et fort selon qu’il est assis, debout, avec un simple costume ou un pardessus.

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