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Le Journal de Kafka

~ nouvelle traduction par Laurent Margantin

Le Journal de Kafka

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Le Journal de Kafka, laboratoire et zone franche

28 samedi Déc 2013

Posted by Laurent Margantin in Sur la traduction

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Kafka a 26 ans lorsqu’il commence à écrire son journal dans un premier cahier. Il y en aura onze autres, le dernier datant de 1923, soit un an avant sa mort. On est frappé, lorsqu’on le lit dans une édition allemande récente, par le caractère composite du Journal. Des notations sur le quotidien y sont mêlées à quantité d’autres textes totalement étrangers à la pratique diaristique telle qu’on l’entend ordinairement. On peut y lire plusieurs fragments de récits, et notamment le premier chapitre d’Amérique rédigé sur deux cahiers séparés. On remarque également que manque souvent la date du jour de la rédaction. Comme si Kafka cherchait à brouiller – au sein même d’un journal ! – les repères temporels, plongeant souvent le lecteur dans une espèce de no man’s land intérieur, et ce dès les premières lignes du premier cahier : « Est-ce que la forêt est toujours là ? La forêt était encore à peu près là. Mais à peine mon regard avait-il fait dix pas que je renonçai et me laissai reprendre par la conversation ennuyeuse. » Ces pages qui nous font pénétrer dans l’univers quotidien de l’écrivain nous ouvrent en même temps les portes d’un monde troublant où les frontières entre le dehors et le dedans, le passé et le présent, le moi et les autres, le visible et l’invisible semblent s’évanouir. On est là au coeur d’un travail créateur plus que dans un journal d’écrivain classique où celui-ci rapporterait des faits ou des pensées extérieurs à son oeuvre.

La première édition du Journal par Max Brod – celle que nous lisons encore aujourd’hui en France, traduite par Marthe Robert – ne permet pas de découvrir ce work in progress dans ce qui lui est propre Les cahiers ont en effet un double emploi : Kafka y passe régulièrement du quotidien à la fiction, les deux sont même souvent indémêlables. Brod en a extrait les textes à caractère diaristique, les a rassemblés dans l’ordre chronologique et a laissé les pages d’écriture narrative faisant partie de « l’oeuvre » (mais où commence-t-elle et où s’achève-t-elle chez Kafka ?). Il a également écarté plusieurs variantes, voire a effacé des détails peu conformes à l’image de l’écrivain uniquement animé par la question de la littérature qu’il voulait transmettre au public (ainsi quelques fragments témoignant de sa fréquentation des maisons closes pragoises ont été supprimés ou sont édulcorés).

Le Journal tel que nous le connaissons en France est à bien des égards une construction de Max Brod. Il faut donc le lire dans l’édition génétique allemande si l’on veut découvrir le fil même de l’écriture de Kafka. Écriture plurielle, qui ne se résume pas à un « style » qui serait celui du journal littéraire tel qu’un Léautaud, par exemple, a pu le pratiquer toute une vie sans interruption. La variation – des styles mais aussi des thèmes – est la règle, et ce dès les premiers cahiers, qui se caractérisent par une large ouverture au monde extérieur et à la réalité sociale de Prague. Dans les premières pages, Kafka se plaint de son « incapacité à écrire » depuis cinq mois. On ne peut donc qu’être impressionné par la puissance littéraire qui se dégage de chacune de ces pages, écrites pour la plupart pendant les années 1909-1913, si décisives dans son parcours. L’incapacité à écrire a laissé la place à une réelle virtuosité, qui s’exprime sous la forme de fragments narratifs, mais aussi de simples notations, de notes de lecture, de portraits saisis sur le vif, de dessins, comme si l’écriture des cahiers avait un effet libérateur. Kafka n’hésite pas à s’émanciper de l’allemand plus élaboré de ses premiers textes, et s’essaie à une écriture rapide, fluide, d’où un assouplissement de la syntaxe et la disparition de la ponctuation à certains endroits (qui ne sont pas rendus dans la seule traduction dont nous disposions en français, celle de Marthe Robert, soucieuse de faire lire ce texte dans une langue classique qui soit compatible avec celle des récits). Renonçant à la langue de l’oeuvre (récit, roman) qu’il se sent incapable d’écrire, le jeune écrivain choisit l’esquisse et le fragment, et il s’encourage lui-même à avancer dans cette voie : « Je crois à nouveau que mon voyage aura une meilleure issue, et que j’accéderai à une meilleure perception des choses si je deviens plus souple en écrivant un peu et alors j’essaye à nouveau. »

Les scènes du quotidien pragois observées par Kafka ont même influé sur l’écriture du Journal. Ainsi des pièces de théâtre yiddish jouées au Café Savoy, évoquées à plusieurs reprises en 1910 et 1911. Ce théâtre, méprisé par les Juifs assimilés de Prague, où il ne s’agit pas de réciter un texte et de jouer un seul rôle, mais où la langue est aussi chantée, où les comédiens improvisent, varient les rôles à volonté, ce théâtre mineur où il faut laisser agir le corps et pour lequel le sentiment est au coeur de la dramaturgie éveille l’écrivain à un autre mode d’écriture (d’où, aussi, les nombreuses notations sur tout ce qui, sur un plan corporel, rend l’écriture possible ou non : fatigue, maladie, insomnie). En rompant volontairement avec une langue littéraire codifiée et avec la forme close du récit, Kafka cherche non seulement à sortir de son incapacité à écrire, mais aussi à repousser les limites de la littérature, comme l’ont fait les acteurs yiddish avec le théâtre.

L’écriture des cahiers ouvre un nouvel espace intérieur où se joue l’oeuvre tout entière. Avec Guattari, Deleuze a parlé des « lignes de fuite créatrices » qui parcourent autant les lettres que les récits, et il a vu dans le Journal un rhizome qui « traverse tout ». En quelques mois, on passe en effet d’une série de projets littéraires isolés et souvent avortés à ce qu’on pourrait appeler des flux d’écriture qui se caractérisent par leur intensité souvent douloureuse. Kafka est tout à fait conscient de s’engager, avec ces notations quotidiennes, dans une épreuve nouvelle, et il s’en ouvre au docteur Steiner (le célèbre fondateur de l’anthroposophie), parlant des « états de voyance » auxquels il accède par l’écriture : « Je sens que je ne suis pas seulement parvenu à mes propres limites, mais aux limites de l’humain en général. » C’est que tout – famille, milieu professionnel, spectacles, scènes de rue – est soumis au regard souvent cruel de celui qui note, livré à la puissance du langage le plus neutre. Dans les nombreux portraits, la cruauté du trait est automatique. La tenancière du bordel n’a pas de nom, on apprend seulement qu’elle a une « chevelure blonde mate fortement tirée sur des bigoudis certainement dégoûtants » et un « nez qui descend de manière abrupte ». Ailleurs, la description de la Rehberger « au gros nez dans un visage anémique », écrite la veille, a remplacé inconsciemment l’impression originale : du réel le plus banal on est passé à une vision littéraire. Littérature et existence sont devenues indissolubles.

Le Journal est l’espace d’une écriture nocturne où les visions du jour se confondent avec les scènes de rêve. Éveillé au coeur de la nuit, Kafka se dit même condamné à l’insomnie par le seul fait d’écrire, évoquant la puissance de ses rêves qui l’empêche de dormir. Plus loin, il note : « Quand je me réveille tous les rêves sont rassemblés autour de moi, mais je me garde bien de les examiner en profondeur. » Dans son sommeil, il se voit traverser les murs d’un immeuble « comme on passe d’un wagon à l’autre dans les trains à couloir », scène qui figure assez bien son propre cheminement au sein du journal-rhizome. Peut-on aller jusqu’à dire que Kafka, en passant à l’écriture diaristique, a libéré cette puissance onirique sans laquelle il n’y a pas de littérature ? Est-ce dans ces pages qu’il a noué ce que Blanchot appelle le « pacte avec le danger de la nuit » ? En 1912 sont écrits coup sur coup Le verdict et La métamorphose. Deux récits nés au coeur même de la nuit du Journal, matrice de l’oeuvre à venir.

Article paru dans le Magazine littéraire, décembre 2013

Retraduire le Journal de Kafka (2)

13 vendredi Sep 2013

Posted by Laurent Margantin in Sur la traduction

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Seulement dix jours que j’ai commencé à retraduire le premier cahier du Journal de Kafka, et déjà pas mal de surprises. Il y avait bien sûr un gros travail préalable à réaliser avant de se lancer dans un tel chantier, notamment la découverte depuis trois ans des cahiers, de l’écriture au quotidien propre à Kafka au fil de laquelle se mêlent notes autobiographiques, réflexions, aphorismes et fragments de récit, parfois juste un bout de phrase. C’est une donnée qu’il faut avoir à l’esprit si l’on veut être fidèle à cette écriture : le Journal n’est pas séparé de ces cahiers, mais y participe. Pour s’en rendre compte, il faut évidemment se servir d’une édition critique, et celle réalisée par Malcom Pasley au début des années 2000 est un outil indispensable, puisqu’elle respecte totalement la genèse du texte.

D’où le décalage, d’entrée de jeu (on s’en rend compte dès la deuxième page !) avec les traductions françaises existantes déjà anciennes, et qui sont au nombre de deux : celle de Klossowski, parue en 1945, et celle de Marthe Robert, plus complète, parue en 1954. Problème majeur pour ces deux traductions : elles se basent sur l’édition allemande réalisée par Max Brod, qui a en quelque sorte fabriqué le journal de Kafka. D’abord en rétablissant la chronologie, ce qui revenait à extraire des cahiers des morceaux qui participaient chacun d’un ensemble. En effet, Kafka (c’est le cas notamment des deux premiers utilisés en 1910 et 1911) n’écrivait pas dans un seul cahier, mais passait de l’un à l’autre. Brod a donc composé un ensemble – traduit ensuite par Klossowski et Robert – qui n’existait pas réellement, ou alors mêlé et combiné à d’autres éléments les plus divers. Or aucune traduction française ne rend compte de la réalité des cahiers, pas même celle, plus récente, de la Pochothèque, qui reprend pour une bonne part la traduction de Marthe Robert en la complétant avec des passages écartés par Max Brod. Quant à l’édition de la Pléiade réalisée par Claude David – toujours avec la traduction de Marthe Robert « devenue presque aussi canonique que le texte de Kafka lui-même » -, « elle trahit totalement l’esprit et la lettre des journaux de Kafka… en hiérarchisant des textes de fiction et des textes plus « anecdotiques », en publiant en dehors du journal des ébauches qui y étaient consignées à l’origine ». « Claude David, conclut Florence Bancaud [1], induit une erreur de perspective fondamentale et ne permet pas de voir dans le Journal de Kafka autant un journal d’écrivain qu’un journal intime ».

Mais Claude David n’est pas responsable de cette « erreur de perspective », si tant est qu’il faille chercher un responsable. En 1950, Max Brod a expliqué sa démarche dans sa postface du Journal : « Des phrases isolées, qui paraissaient dépourvues de signification parce que trop fragmentaires, ont été éliminées ». Je m’étonnais ainsi de voir certaines phrases de l’édition critique dont je me sers absentes de la traduction française, je crois avoir désormais l’explication (à confirmer, car je n’ai pas l’édition de Brod sous les yeux). Autre chose : « J’ai écarté également certains passages qui se répétaient avec de petites variantes ». Hier, traduisant plusieurs pages du premier cahier qui participent d’une suite de variations dont la première partie commence par la phrase « Si j’y réfléchis, je dois dire qu’à certains égards mon éducation m’a beaucoup nui », je cherchais en vain leur traduction dans l’édition de Marthe Robert, avant de me rendre compte qu’elles avaient été placées en fin de volume (comme chez Brod certainement) dans un ensemble assez succinct de « variantes ». Exclusion, évidemment, qui n’est plus acceptable dans la démarche qui est la nôtre. Ce à quoi on assiste en effet à travers ces six textes composés les uns à la suite des autres (j’ai traduit les quatre premiers, je suis dans les deux suivants) – au tout début du Journal -, c’est à un travail d’introspection capital, inaugural même de l’oeuvre en devenir (Kafka n’a encore composé aucune de ses grandes oeuvres, nous sommes en 1910) en ce qu’il lui permet d’opérer une rupture, par l’écriture et par nul autre moyen, avec sa famille, avec son milieu, avec ses anciens professeurs, avec cette humanité « éducatrice » qui voulait faire de lui un autre homme que celui qu’il est devenu (je paraphrase ici un passage du quatrième texte considéré comme une simple « variante » par l’ami Brod).

Impossible donc, si l’on veut retraduire le Journal de Kafka, de procéder autrement qu’en reprenant les cahiers dans leur édition génétique, à l’état brut en quelque sorte, et dégagé de toute volonté de composer un ensemble lisible pour le public et également par les proches de Kafka (car telle semble bien avoir été la démarche initiale de Brod, en écartant également certaines notations « par trop intimes »). Près d’un siècle après la mort de Kafka, de telles considérations ne peuvent nous être qu’étrangères, et il est singulier que personne (à ma connaissance) ne se soit posé de questions sur la nature même des traductions proposées, qui participent d’un contexte précis qui n’est plus le nôtre. Cette volonté de donner un texte lisible, accessible, est perceptible également dans une forme de réécriture du Journal dans un français classique qui dénature totalement l’allemand de Kafka, en rien classique, lui, mais traversé par des tensions, par la recherche d’une certaine vitesse dans l’écriture qui se traduit par une absence fréquente de la ponctuation et une certaine déstructuration syntaxique qu’il faut tâcher de rendre en français, ou plutôt que de rendre d’expérimenter soi-même. Je songe ici à ce que disait Henri Meschonnic : « La traduction doit être génétique : obliger le traducteur à refaire l’acte même qui a généré le texte original ».

(28 avril 2013)

#journalkafka A propos de cette traduction: Quelques questions de Thomas Villatte

27 jeudi Juin 2013

Posted by Laurent Margantin in Sur la traduction

≈ 2 Commentaires

D’abord : que pensez-vous, personnellement, de la traduction du Journal de Marthe Robert ? Avez-vous entamé la traduction du Journal afin de « contester » la traduction de Marthe Robert ? (Je suppose que non, mais on ne sait jamais ! )

Non, pas du tout, elle est très belle sur un plan littéraire et très exacte. Simplement, elle appartient à une certaine tradition de la traduction littéraire en France, où l’on veille à faire du texte étranger une oeuvre française, dans une langue classique. Or l’allemand de Kafka, dans le Journal, est très libre, il manque souvent la ponctuation, la syntaxe est souvent débridée, j’essaye de rendre cela, je conserve les répétitions de mots, tente d’écrire dans un français qui soit fidèle à l’écriture brute de Kafka qui, encore une fois, n’est pas celle des romans.

Auriez-vous traduit le Journal de la même manière si cela avait été une commande pour en faire un livre, papier ou numérique ?

Oui, de la même manière. Mais je ne suis qu’au début, et je fais une pause estivale… Et je ne m’occupe pas d’édition en l’occurrence. Kafka y songeait-il en écrivant son Journal ? Internet nous permet d’échapper à ces préoccupations éditoriales (enfin, dans le meilleur des cas).

On dit que Max Brod a donné des titres à des fragments qui n’en avaient pas, à des fins éditoriales. A t-il réellement inventé des titres, ou bien a-t-il simplement repris le même procédé que vous pour Chacun porte une chambre en soi : la première phrase des textes, ou le premier syntagme, considérés comme titre faute de mieux ? Et pourquoi, si il n’y avait pas de titres à l’origine, en avoir créé ? Ne vous était-il pas possible, à propos de Chacun porte une chambre, de ne pas en mettre, simplement ? Je vous avoue que ce processus m’intéresse : pourquoi donne-t-on un titre à ces fragments qui, il me semble, n’en ont pas à l’origine ?

A vrai dire je n’ai pas conçu cela comme des titres, j’ai juste repris le début de chaque première phrase du texte pour montrer qu’il s’agit bien de fragments prélevés à des cahiers. J’aurais pu en effet laisser sans titre, mais il fallait quand même pouvoir se repérer dans le volume. Solution de facilité en quelque sorte. Brod voulait construire une oeuvre, il fallait donc qu’il aligne un ensemble de textes conçus non comme des fragments mais comme des petites proses à la manière de Walser. Comme les traducteurs français il a donc complété la ponctuation quand elle manquait, il a fait de chaque texte une petite oeuvre close, qui est un artifice en vérité. Mais combien d’entreprises éditoriales sont basées sur de tels artifices, au nom d’une certaine clôture et du texte et de l’oeuvre ?

Enfin, question purement factuelle : qui est le premier traducteur de Kafka en France ? Vialatte ou Klossowski ? J’ai souvent lu que c’était Vialatte, mais dans la préface à Chacun porte une chambre en soi, François Bon note qu’il s’agit de Pierre Klossowski en 35 qui aurait traduit Kafka le premier. Après avoir parcouru Mon Kafka de Vialatte, je suppose qu’il s’agit bien de Vialatte qui a traduit et importé Kafka en France le premier, mais dans le doute… Et pourriez-vous, alors, m’expliciter un peu le rôle de Klossowski dans cette histoire (embrouillée) ? Sans connexion stable et sans bibliothèque digne de ce nom à proximité, je sèche un petit peu !

Je dirais que Vialatte est le premier traducteur, notamment des romans, viennent ensuite les traductions du Journal, mais il faudrait vérifier les dates. Hélas, j’en sais encore moi-même très peu sur le travail de Klossowski !

Thomas Villatte est un jeune chercheur qui travaille actuellement sur la présence de Kafka sur le web.

Retraduire le Journal de Kafka (1)

28 mardi Mai 2013

Posted by Laurent Margantin in Sur la traduction

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Je commence aujourd’hui (18 avril 2013) une nouvelle traduction du Journal de Kafka, traduit initialement par Pierre Klossowski et Marthe Robert. Comme pour mes autres traductions du même auteur, elles seront mises en ligne au fur et à mesure que j’avancerai, et étant donné qu’il s’agit d’un volume de 1000 pages dans l’édition critique que j’utilise, j’en ai pour un petit bout de temps.

J’ai commencé à retraduire des textes de Kafka en novembre 2010. D’abord des récits brefs, puis La Colonie pénitentiaire et Un Artiste de la faim. Mais je conserve intacte la fascination éprouvée à la découverte des cahiers de Kafka, auxquels se rattache le Journal (lui-même traversé par l’écriture de fictions, par exemple le début d’Amérique). Retraduire le Journal, c’est permettre une vision à la fois chronologique et panoramique de l’oeuvre en cours, et il me semble que le web est l’espace de publication (au sens littéral du terme) idéal pour cette expérience d’écriture débutée par Kafka en 1910 et poursuivie jusqu’en 1922, soit deux ans avant sa mort. Le web essentiellement en ce qu’il permet d’inscrire cette expérience dans sa temporalité, et ainsi de ralentir voire de rythmer différemment la lecture.

Rappelons que la traduction initiale est de 1935. D’une indéniable qualité littéraire, mais le français a bougé depuis, et l’édition du Journal en allemand elle aussi. Il est donc temps d’en proposer une nouvelle version. Et puis c’est affaire personnelle au fond : Je ne connais pas d’autre moyen, pour lire Kafka, que de le traduire (c’est bien sûr vrai pour d’autres auteurs). Et ce travail quotidien entre deux langues qui me sont propres (et tout autant étrangères), il s’effectue dans le même souterrain que l’écriture personnelle, impossible de distinguer les deux activités.

Trois précisions à propos de ma traduction :
- Je respecte l’absence de ponctuation chez Kafka (quand il n’y a pas de virgule entre certains mots ou morceaux de phrase, ou pas de point en fin de phrase), ce qui n’est pas le cas chez Robert, qui « corrige » en quelque sorte le texte, quitte à ne pas rendre la vitesse de rédaction.
- J’inclurai les dessins réalisés par Kafka dans les cahiers, dessins qui sont présents dans l’édition allemande.
- Je découvre en traduisant que des éléments du Journal manquent dans la traduction de Marthe Robert (dernière phrase de ce passage et cette simple note apparemment insignifiante, mais qui fait partie de ces « microvisions » qui peuvent, on le sait, surtout chez Kafka, déclencher l’écriture). Omission ou absence de ces éléments dans l’édition originale de l’époque ?

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