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Le Journal de Kafka

~ nouvelle traduction par Laurent Margantin

Le Journal de Kafka

Archives de Tag: bordel

#journalkafka, premier cahier, 71

21 mercredi Août 2013

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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bordel, chambres, escalier, maisons, Max, murs, portes, prostituées, rêves, rouge

Rêve de cette nuit dont même encore ce matin je ne percevais pas la beauté mis à part une petite scène comique composée de deux répliques, qui provoqua ce monstrueux plaisir du rêve, scène que j’ai cependant oubliée. Je marchais – je ne sais pas si Max était là dès le début – à travers une longue rangée de maisons à la hauteur du premier ou deuxième étage, comme on passe d’un wagon à l’autre dans les trains à couloir. Je marchais très vite peut-être aussi parce que la maison était parfois si fragile qu’on se dépêchait déjà pour cette raison. Je ne faisais pas du tout attention aux portes entre les maisons, c’était juste une immense enfilade de pièces, et pourtant on distinguait des différences non seulement entre les appartements mais aussi entre les maisons. Peut-être ne faisais-je que traverser des chambres meublées. Il m’est resté en mémoire un lit typique, placé sur le côté à ma gauche contre le mur sombre ou sale, incliné peut-être comme le mur d’une mansarde, lit surmonté d’une petite construction faite de draps et dont un coin de la couverture, en fait une toile grossière piétinée par celui qui a dormi là, pend vers le sol. Je me sentais honteux de passer dans leurs chambres à une heure où beaucoup de gens étaient encore au lit, c’est pour cela que je marchais sur la pointe des pieds en faisant de grandes enjambées, espérant ainsi montrer que j’étais obligé de passer, que je faisais tout mon possible pour ne rien déranger et marchais sans m’arrêter, que mon passage, pour ainsi dire, ne comptait absolument pas. C’est aussi pour cette raison que je ne tournais jamais la tête dans une même chambre et regardais seulement vers la droite, du côté de la rue, ou bien vers la gauche, du côté du mur du fond. La suite d’appartements était souvent interrompue par des bordels que je traversais particulièrement vite, même si c’était semble-t-il pour y aller que je passais par là, si bien que je ne remarquai rien les concernant sinon leur existence. Le mur qui était en face de la porte par laquelle j’étais entré, soit le dernier mur de la rangée de maisons, était en verre ou bien même percé, et si j’avais continué à marcher je serais tombé dans le vide. Il est même plus vraisemblable qu’il ait été percé, car les prostituées étaient couchées vers le bord du plancher, j’en voyais deux, par terre, la tête de l’une d’elles sortait et pendait dans le vide. A gauche il y avait un mur plein, à droite en revanche le mur n’était pas complet, on voyait la cour de l’autre côté sans d’ailleurs en voir le fond et un escalier délabré et gris y menait à travers plusieurs paliers. A en juger d’après la lumière dans la chambre, le plafond était pareil à celui des autres chambres. J’avais surtout affaire à la fille dont la tête pendait, Max à celle qui était couchée à côté d’elle à gauche. Je palpais ses jambes et ne faisais ensuite que presser à un rythme régulier le haut de ses cuisses. Mon plaisir à faire ça était si grand que je m’étonnai de n’avoir rien dû encore payer pour ce divertissement qui était justement ce qu’il y avait de plus agréable. J’étais persuadé que je trompais le monde et que j’étais seul à le faire. Puis la fille, tout en gardant ses jambes immobiles, redressa son buste et me tourna le dos qui, à mon grand effroi, était couvert de grands cercles d’un rouge de cire à cacheter aux bords pâlissant et entre eux des éclaboussures rouges dispersées. Je remarquai alors que tout son corps en était plein, que mon pouce sur ses cuisses était posé dans de telles taches et que j’avais aussi ces petites particules rouges comme celles d’un sceau brisé sur mes doigts. Je reculai vers une foule d’hommes qui semblaient attendre contre le mur près de l’escalier qu’empruntaient quelques personnes. Ils attendaient comme des hommes à la campagne rassemblés sur la place du marché le dimanche matin. C’était donc aussi un dimanche. Alors eut lieu la scène comique, quand un homme, que moi et Max avions des raisons de craindre, partit puis remonta l’escalier, vint vers moi et, tandis que moi et Max attendions de lui avec crainte quelque terrible menace, me posa une question niaise et ridicule. Puis je restai là et, soucieux, regardai Max qui, ne craignant rien dans cet établissement, était assis sur le sol quelque part à gauche et mangeait une soupe épaisse d’où ressortaient les pommes de terre sous la forme de grosses boules, une surtout. Il l’écrasait dans la soupe avec une cuillère, peut-être avec deux cuillères, ou la retournait seulement.

#journalkafka, premier cahier, 51

31 vendredi Mai 2013

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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bordel

Au B. Suha avant avant-hier. La Juive avec un visage étroit, ou plutôt un visage qui se perd dans un menton étroit, mais qui est secoué dans sa largeur par une coiffure longue et onduleuse. Les trois petites portes qui, de l’intérieur du bâtiment, mènent au salon. Les clients comme dans un corps de garde sur une scène, boissons sur la table, on y touche à peine. Celle au visage plat dans une robe grossière qui commence seulement à bouger tout en bas, au niveau de l’ourlet. Quelques-unes habillées ici et par le passé comme des marionnettes de théâtre pour enfants, comme on en vend au marché de Noël c’est-à-dire avec des ruches et de l’or collés et cousus à points lâches, de telle façon qu’on puisse les découdre d’un coup et qu’elles partent en lambeaux entre vos doigts. La tenancière à la chevelure blonde mate fortement tirée sur des bigoudis certainement dégoûtants, au nez qui descend de manière abrupte, dont la direction est dans un rapport géométrique quelconque avec les seins tombants et le ventre maintenu raide, se plaint de maux de tête causés par le fait que c’est samedi aujourd’hui, qu’il y a du vacarme et il n’en est rien.

#journalkafka, premier cahier, 47

31 vendredi Mai 2013

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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bordel, constipation, Kubin, Regulin

Kubin encore : son habitude de répéter les derniers mots de l’autre personne toujours sur un ton approbateur même s’il s’avère à travers ses propres paroles ensuite qu’il n’est absolument pas d’accord avec cette autre personne. Énervant. – En écoutant ses nombreuses histoires on peut oublier la valeur de cet homme. Soudain on s’en souvient et on est effrayé. Ainsi quand on a parlé d’un établissement où nous voulions aller en affirmant qu’il était dangereux, il a dit qu’il n’irait pas ; je lui ai demandé s’il avait peur à quoi il a répondu et d’ailleurs il était encore accroché à moi : Bien sûr, je suis jeune et j’ai encore beaucoup de choses à vivre. – Pendant toute la soirée il a parlé souvent et à mon avis très sérieusement de ma constipation et de la sienne. Vers minuit il a vu une partie de mon bras alors que j’avais laissé pendre ma main au bord de la table, et il s’est exclamé : Mais c’est que vous êtes vraiment malade. A partir de cet instant il m’a traité de façon plus conciliante et plus tard il s’est opposé aux autres quand ils ont voulu me persuader d’aller avec eux au B. Alors qu’on s’était déjà dit au revoir, il m’a encore crié de loin « Regulin ! »

#journalkafka, premier cahier, 10

27 lundi Mai 2013

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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bordel, désespoir, oreille

Quand je le touchais, le pavillon de mon oreille était frais rêche froid et plein de sève comme une feuille.
J’écris très certainement ça désespéré par mon corps et par l’avenir de ce corps. Quand le désespoir se montre tellement déterminé tellement lié à son objet, tellement retenu en arrière comme par un soldat qui couvre sa retraite et se laisse mettre en pièces pour lui, alors ce n’est pas le vrai désespoir. Le vrai désespoir a d’emblée et toujours dépassé son but, (avec cette virgule il s’avéra que seule la première phrase était juste)

 

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Es-tu désespéré ?
Oui, tu es désespéré ?
Tu t’enfuis ? Tu veux te cacher ?

Je suis passé devant le bordel comme devant la maison d’une maîtresse.

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