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Le Journal de Kafka

~ nouvelle traduction par Laurent Margantin

Le Journal de Kafka

Archives de Tag: yeux

#journalkafka, premier cahier, 93

02 dimanche Mar 2014

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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cartothèque, chef, regard, yeux, zigzag

21 octobre 1911       Un contre-exemple: quand mon chef discute avec moi des affaires du bureau (aujourd’hui la cartothèque), je ne peux pas le regarder longtemps dans les yeux sans qu’apparaisse dans mon regard, tout à fait malgré moi, une légère amertume qui fait qu’il détourne le sien, ou moi le mien. Son regard de façon plus fuyante mais plus souvent parce que n’étant pas conscient de la cause il cède à chaque tentation de porter son regard ailleurs, mais le ramène aussitôt vers moi, puisqu’ il ne considère tout cela que comme une faiblesse passagère de ses yeux.  Je résiste à cela plus vigoureusement et accélère donc le mouvement en zigzag de mon regard, préfère encore regarder le long de son nez et dans les ombres qui bordent ses joues, ne parviens souvent à tenir mon visage dans sa direction qu’à l’aide des dents et de la langue dans la bouche fermée, quand il le faut, je baisse certes les yeux, mais jamais plus bas que sa cravate, mais j’accède au regard le plus intense dès qu’il détourne les yeux et que je peux le suivre exactement et sans égards.

#journalkafka, premier cahier, 87

15 mercredi Jan 2014

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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barbe, Bialik, Cholem Aleikhem, conférence, cuisses, Gablonz, hébreu, jambe, joues, Kischenew, Löwy, lorgnon, Max Brod, Napoléon, pogrom, sauvagerie, tziganes, yeux, yiddish

20 octobre 1911    Le 18 chez Max, écrit sur Paris. Mal écrit, sans accéder vraiment à l’air libre de la véritable description, qui vous détache le pied du sol de l’expérience vécue. Il faut dire que j’étais apathique après la grande exaltation du jour précédent qui s’est terminée avec la conférence de Löwy. Ce jour-là je n’étais pas dans un état d’esprit exceptionnel, étais allé avec Max chercher sa mère qui venait de Gablonz, avais été avec eux au café et puis chez Max qui m’avait joué une danse tzigane tirée de La Jolie fille de Perth. Une danse au cours de laquelle, tout au long de pages entières de partition, il n’y a que les hanches qui se balancent au rythme d’un tic tac monotone, l’expression du visage étant lente et affectueuse. Jusqu’à ce que, vers la fin, survienne brièvement et tardivement la sauvagerie intérieure qui a été attirée, qu’elle secoue le corps, le mate, comprime la mélodie de telle sorte qu’elle jaillisse en hauteur et en profondeur , (ce sont des sons particulièrement amers et sourds qui ressortent) et s’achève sans qu’on y fasse attention. Au début et perdurant pendant tout le morceau, un fort sentiment de proximité avec les tziganes, peut-être parce qu’un peuple si sauvage dans la danse ne se montre sans crainte qu’à l’ami. Impression de grande vérité donnée par la première danse. Ensuite feuilleté dans les « Propos de Napoléon ». Comme on devient facilement, en l’espace d’un instant, une particule de l’énorme représentation qui était celle de Napoléon ! Ensuite je suis allé chez moi, bouillonnant déjà, je n’arrivais à tenir tête à aucune de mes idées, désordonné, enceint, échevelé, enflé, au milieu de mes meubles roulant autour de moi, survolé par mes souffrances et mes soucis, occupant le plus d’espace possible, car malgré mon volume j’étais très nerveux, je suis entré dans la salle de conférences. A la façon dont j’étais assis p.e. et vraiment bien assis, j’aurais aussitôt reconnu mon état si j’avais été le spectateur. Löwy a lu des pièces humoristiques de Cholem Aleikhem, puis une histoire de Perez, un poème de Bialik (c’est le seul texte où le poète, afin de populariser pour les futures générations juives ce poème inspiré du pogrom de Kischenew, s’est abaissé à écrire en yiddish et non plus en hébreu et à traduire lui-même en yiddish son poème écrit en hébreu), La vendeuse de lumière de Rosenfeld. Un acteur avait une façon naturelle et répétitive d’ouvrir brusquement les yeux qui restaient ouverts un moment encadrés par des soucis levés. Vérité absolue dans toute sa manière de lire; le mouvement faible qui part de l’épaule pour lever le bras droit; le geste de bouger le lorgnon qui semble emprunté tellement il convient mal au nez; la position de la jambe sous la table, qui est si étendue que ce sont surtout les frêles os de jonction entre le haut et le bas de la cuisse qui sont en activité; la courbure du dos qui a l’air si faible et si misérable, l’observateur ne se laissant pas tromper dans son jugement face à un dos homogène et uniforme, comme cela peut se produire quand il regarde un visage, par les yeux, par les cavités et les saillies des joues mais aussi par chaque détail, ne serait-ce qu’une touffe de barbe. Après la conférence, en rentrant chez moi, j’ai senti toutes mes capacités réunies et c’est pourquoi je me suis plains à mes soeurs et à la maison même à la mère.

#journalkafka, premier cahier, 83

28 samedi Déc 2013

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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barbe, bonne d'enfants, chien, chrétien, employé, gosier, Haman, joues, juif, noir, Pan, passagers, pissotières, Radotin, salive, train, visages, wagon, yeux

Après-midi à Radotin pour essayer de retenir l’employé. A cause de cela ne suis pas avec Löwy auquel je pense sans cesse. Dans le wagon: le bout du nez de cette vieille femme à la peau tendue, presque encore jeune. Est-ce que c’est donc là, sur le bout du nez, que finit la jeunesse et que commence la mort ? La manière qu’ont les passagers d’avaler leur salive descendant dans leur gosier, leur manière d’élargir leur bouche comme des signes qu’ils jugent le voyage en train, l’association des autres passagers, leur place dans le compartiment, la température dans le wagon, et même le numéro de Pan que j’ai sur les genoux et que certains regardent de temps en temps (qui est tout de même quelque chose qu’ils ne pouvaient absolument pas s’attendre à trouver dans ce train), qu’ils jugent tout cela irréprochable, naturel, non suspect, tout en croyant encore que cela aurait pu être bien pire. Marché de long en large dans la cour de monsieur Haman, un chien pose une patte sur le bout de mon pied, que je balance. Des enfants, des poules, çà et là des adultes. Une bonne d’enfants, qui se penche par moments par-dessus le balcon ou se cache derrière une porte, a envie de moi. Sous ses regards je ne sais plus ce que je suis à cet instant, si je suis indifférent, honteux, jeune ou vieux, impertinent ou dévoué, si je tiens mes mains derrière ou devant moi, si je gèle ou si j’ai chaud, si je suis un ami des bêtes ou un homme d’affaires, un ami de Haman ou un solliciteur, si je suis supérieur aux participants à la réunion qui parfois sortent de la salle, vont aux pissotières et reviennent en un circuit ininterrompu, ou bien si je suis ridicule à cause de mon costume léger, si je suis juif ou chrétien etc. Le fait que j’aille de long en large, que je me mouche, que je lise Pan ici et là, que j’évite craintivement le balcon pour voir soudain qu’il est vide, le fait que je regarde la volaille, que je me laisse saluer par un homme, que je vois par la fenêtre de l’auberge tous les visages posés à plat et de travers les uns à côté des autres et tournés vers un orateur, tout cela contribue à mon état. Monsieur Haman, qui sort de temps en temps de la réunion, que je prie d’exploiter en notre faveur l’influence qu’il a sur l’employé qu’il a fait entrer dans notre affaire. Barbe d’un brun noir poussant autour des joues et du menton, yeux noirs, entre les yeux et la barbe les nuances sombres des joues. C’est un ami de mon père, je le connaissais déjà quand j’étais enfant, et l’idée qu’il était grilleur de café me l’a toujours rendu plus sombre et plus viril qu’il n’était.

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