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Le Journal de Kafka

~ nouvelle traduction par Laurent Margantin

Le Journal de Kafka

Archives Mensuelles: janvier 2014

#journalkafka, premier cahier, 91

30 jeudi Jan 2014

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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Chuchle, employé, lumière électrique, nez, Prague, Radotin, seins, usine, visage

la suite à Radotin: l’ai invitée à descendre. La première réponse a été sérieuse, alors que jusque là elle avait pouffé de rire en me regardant avec la petite fille qu’on lui avait confiée, et qu’elle avait fait la coquette comme elle n’aurait jamais osé le faire à partir du moment où nous nous sommes connus. Ensuite nous avons beaucoup ri ensemble, alors que je gelais en bas et elle en haut à la fenêtre ouverte. Elle pressait ses seins contre ses bras croisés et tout son corps contre l’appui de la fenêtre, les genoux apparemment fléchis. Elle avait 17 ans et m’en donnait 15-16,  ce dont elle n’a pas voulu démordre pendant toute la conversation. Son petit nez allait un peu de travers et à cause de cela jetait une ombre inhabituelle sur sa joue, qui ne m’aiderait d’ailleurs pas à la reconnaître. Elle n’était pas de Radotin, mais de Chuchle (la dernière station avant Prague), ce qu’elle ne voulait pas qu’on oublie. Ensuite promenade avec l’employé, qui serait resté dans notre affaire même si je n’étais pas venu, dans le noir sur la route qui part de Radotin et puis retour à la gare. Sur un côté des collines non cultivées utilisées par une fabrique de ciment pour ses besoins en calcaire. Vieux moulins. Histoire d’un peuplier arraché hors de terre par un tourbillon dont les racines allaient d’abord tout droit dans la terre et qui ensuite s’étalaient. Visage de l’employé: chair rougeâtre comme de la pâte sur des os robustes, a l’air fatigué, mais solides dans ses limites. Ne s’étonne pas, même pas dans la voix, que nous allions nous promener ici ensemble. Dans un grand champ acheté par une usine prévoyante, laissé pour le moment en friche, situé en plein centre du village, entouré de bâtiments d’usine éclairés par une forte lumière électrique, mais à certains endroits seulement. Lune claire, pleine de lumière, d’où la fumée blanche sortant d’une cheminée. Signaux de train. Léger bruit des rats à côté du long chemin qui coupe le champ et que les habitants du village empruntent contre la volonté de l’usine.

#journalkafka, premier cahier, 90

16 jeudi Jan 2014

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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bouche, coiffeur, corps, estomac, malade, maladie, poitrine, reflet, visage

Je suis probablement malade, depuis hier le corps me gratte partout. L’après-midi j’avais un visage si chaud et si multicolore que j’ai craint qu’en me coupant les cheveux le coiffeur qui pouvait me voir constamment moi et mon reflet pense que j’avais une grave maladie. La jonction entre mon estomac et ma bouche est elle aussi en partie troublée, une capsule de la taille d’un florin soit monte et descend, soit reste en bas d’où elle irradie en produisant un effet qui se diffuse, envahit la poitrine à la surface et la comprime légèrement.

#journalkafka, premier cahier, 89

16 jeudi Jan 2014

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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chef, doigt, dos, Graben, juif de l'est, Löwy et Winterberg, mains, mélodies du temple, mimiques, Preissler, visage

ce matin chez Löwy et Winterberg. Comment le chef cale son dos de côté dans son fauteuil pour avoir un espace et un appui qui lui permettent de bouger les mains comme un juif de l’est. L’ensemble que composent le jeu des mains et les mimiques se renforçant réciproquement. Parfois il combine les deux en regardant ses mains ou bien en les tenant près de son visage pour le confort de l’auditeur. Des mélodies du temple dans la cadence de ses paroles, surtout lorsqu’il énumère plusieurs points il conduit la mélodie de doigt en doigt comme s’il la faisait passer d’un registre à l’autre. Ensuite rencontré le père avec un monsieur Preissler au Graben, il lève même la main pour que sa manche remonte un peu (ce n’est quand même pas lui qui va la remonter) et, en plein milieu du Graben, il fait de puissants gestes avec la main qui s’ouvre en glissant comme s’il vissait quelque chose, tout en écartant les doigts

#journalkafka, premier cahier, 88

15 mercredi Jan 2014

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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buste, cendres, cendrier, cigarette, contrat, diagonale, Dr.Kafka, hostilité, usine

le 19 chez le Dr.Kafka à cause de l’usine. La légère hostilité théorique qui doit naître entre les parties contractantes lors de la signature d’un contrat. Comment je fouillais des yeux le visage de Karl qui était tourné vers le docteur. L’hostilité doit naître d’autant plus entre 2 personnes qui ne sont pas normalement habituées à examiner leur rapport mutuel et qui pour cette raison se heurtent à propos de chaque détail. – L’habitude du Dr.Kafka consistant à circuler en diagonale dans la pièce, à raconter une histoire le buste se balançant vers l’avant tendu dans une attitude mondaine, et, souvent à la fin d’une diagonale, à secouer les cendres de sa cigarette dans l’un des trois cendriers répartis dans la pièce.

#journalkafka, premier cahier, 87

15 mercredi Jan 2014

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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barbe, Bialik, Cholem Aleikhem, conférence, cuisses, Gablonz, hébreu, jambe, joues, Kischenew, Löwy, lorgnon, Max Brod, Napoléon, pogrom, sauvagerie, tziganes, yeux, yiddish

20 octobre 1911    Le 18 chez Max, écrit sur Paris. Mal écrit, sans accéder vraiment à l’air libre de la véritable description, qui vous détache le pied du sol de l’expérience vécue. Il faut dire que j’étais apathique après la grande exaltation du jour précédent qui s’est terminée avec la conférence de Löwy. Ce jour-là je n’étais pas dans un état d’esprit exceptionnel, étais allé avec Max chercher sa mère qui venait de Gablonz, avais été avec eux au café et puis chez Max qui m’avait joué une danse tzigane tirée de La Jolie fille de Perth. Une danse au cours de laquelle, tout au long de pages entières de partition, il n’y a que les hanches qui se balancent au rythme d’un tic tac monotone, l’expression du visage étant lente et affectueuse. Jusqu’à ce que, vers la fin, survienne brièvement et tardivement la sauvagerie intérieure qui a été attirée, qu’elle secoue le corps, le mate, comprime la mélodie de telle sorte qu’elle jaillisse en hauteur et en profondeur , (ce sont des sons particulièrement amers et sourds qui ressortent) et s’achève sans qu’on y fasse attention. Au début et perdurant pendant tout le morceau, un fort sentiment de proximité avec les tziganes, peut-être parce qu’un peuple si sauvage dans la danse ne se montre sans crainte qu’à l’ami. Impression de grande vérité donnée par la première danse. Ensuite feuilleté dans les « Propos de Napoléon ». Comme on devient facilement, en l’espace d’un instant, une particule de l’énorme représentation qui était celle de Napoléon ! Ensuite je suis allé chez moi, bouillonnant déjà, je n’arrivais à tenir tête à aucune de mes idées, désordonné, enceint, échevelé, enflé, au milieu de mes meubles roulant autour de moi, survolé par mes souffrances et mes soucis, occupant le plus d’espace possible, car malgré mon volume j’étais très nerveux, je suis entré dans la salle de conférences. A la façon dont j’étais assis p.e. et vraiment bien assis, j’aurais aussitôt reconnu mon état si j’avais été le spectateur. Löwy a lu des pièces humoristiques de Cholem Aleikhem, puis une histoire de Perez, un poème de Bialik (c’est le seul texte où le poète, afin de populariser pour les futures générations juives ce poème inspiré du pogrom de Kischenew, s’est abaissé à écrire en yiddish et non plus en hébreu et à traduire lui-même en yiddish son poème écrit en hébreu), La vendeuse de lumière de Rosenfeld. Un acteur avait une façon naturelle et répétitive d’ouvrir brusquement les yeux qui restaient ouverts un moment encadrés par des soucis levés. Vérité absolue dans toute sa manière de lire; le mouvement faible qui part de l’épaule pour lever le bras droit; le geste de bouger le lorgnon qui semble emprunté tellement il convient mal au nez; la position de la jambe sous la table, qui est si étendue que ce sont surtout les frêles os de jonction entre le haut et le bas de la cuisse qui sont en activité; la courbure du dos qui a l’air si faible et si misérable, l’observateur ne se laissant pas tromper dans son jugement face à un dos homogène et uniforme, comme cela peut se produire quand il regarde un visage, par les yeux, par les cavités et les saillies des joues mais aussi par chaque détail, ne serait-ce qu’une touffe de barbe. Après la conférence, en rentrant chez moi, j’ai senti toutes mes capacités réunies et c’est pourquoi je me suis plains à mes soeurs et à la maison même à la mère.

#journalkafka, premier cahier, 86

01 mercredi Jan 2014

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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bonne d'enfants, jardin, Radotin

encore à Radotin: ensuite je suis allé marcher seul, grelottant dans le jardin, puis j’ai reconnu à la fenêtre ouverte la bonne d’enfants qui m’avait suivi de ce côté de la maison.

#journalkafka, premier cahier, 85

01 mercredi Jan 2014

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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cou, Erfurt, fierté, Napoléon, veines

Quand je pense à cette anecdote: Napoléon raconte à la table de la Cour à Erfurt: à l’époque où je n’étais encore que simple lieutenant au cinquième régiment… (les Altesses Royales se regardent, gênées, Napoléon le remarque et se corrige) à l’époque où j’avais encore l’honneur d’être simple lieutenant…; les veines de mon cou se gonflent d’une fierté que je ressens facilement à sa place et qui pénètre en moi de façon artificielle.

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