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Le Journal de Kafka

~ nouvelle traduction par Laurent Margantin

Le Journal de Kafka

Archives de Tag: père

#journalkafka, premier cahier, 107

10 lundi Mar 2014

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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jour, lit, malade, mère, Mutter, nuit, père, pénombre, salon éclairé, Vater

Octobre 1911         La mère travaille toute la journée, est joyeuse ou triste, comme ça vient, ne réclamant pas la moindre chose pour elle-même sa voix est claire, trop forte pour la conversation quotidienne, mais bienfaisante quand on est triste et qu’on l’entend tout à coup après un certain temps. Cela fait déjà assez longtemps que je me plains d’être toujours malade sans avoir jamais une maladie déterminée qui m’obligerait de me mettre au lit. Si je désire cela, c’est sûrement en grande partie parce que je sais combien la mère est capable de vous consoler quand elle sort par exemple du salon éclairé pour entrer dans la pénombre de la chambre du malade, ou bien le soir quand elle rentre du magasin au moment où commence le passage imperceptible du jour à la nuit et qu’avec ses soucis et ses ordres rapides elle fait recommencer le jour déjà si avancé et encourage le malade à l’y aider. Je souhaiterais que cela m’arrive encore parce que je serais faible et par conséquent convaincu par tout ce que la mère ferait, et que je pourrais vivre des joies enfantines tout en ayant la faculté de jouissance plus développée de l’adulte. Hier il m’est venu à l’esprit que si je n’ai pas toujours aimé la mère comme elle le méritait et comme j’en étais capable, c’est parce que la langue allemande m’en a empêché. La mère juive n’est pas une « mère », ce nom de Mutter la rend un peu bizarre (pas le nom en lui-même, parce que nous sommes en Allemagne) nous donnons à une femme juive le nom de mère allemande, mais oublions la contradiction qui s’enfonce d’autant plus lourdement dans le sentiment, Mutter est pour les juifs particulièrement allemand, le mot contient inconsciemment, à côté de la splendeur chrétienne, aussi la froideur chrétienne, d’où le fait que la femme juive appelée Mutter n’est pas seulement bizarre mais étrangère. Maman serait un nom préférable, si seulement l’on ne se représentait pas Mutter derrière lui. Je crois qu’il n’y a plus que les souvenirs du ghetto qui préservent la famille juive, car le nom Vater ne désigne pas le père juif, c’est en effet loin d’être le cas.

#journalkafka, premier cahier, 82

04 vendredi Oct 2013

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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comptable, démission, directeur commercial, employé de bureau, entretien, père, Roubitschek, Zizkov

16.  X II   Dimanche épuisant hier. Tout le personnel a donné sa démission à mon père. Grâce à de beaux discours, une attitude cordiale, l’effet de sa maladie, sa grandeur et sa force d’autrefois, son expérience et son intelligence, il les reconquiert quasiment tous au cours de négociations privées ou à plusieurs. Franz, un employé de bureau qui occupe une place importante, demande un temps de réflexion jusqu’à lundi parce qu’il a donné sa parole à notre directeur commercial qui part et voudrait entraîner tout le personnel dans la nouvelle affaire qu’il va fonder. Dimanche, le comptable écrit que finalement il ne pourra pas rester, le Roubitschek ne le laissant pas revenir sur sa parole. Je vais chez lui à Zizkov. Sa jeune femme aux joues rondes un visage longiligne et un petit nez grossier qui ne gâte jamais les visages tchèques. Robe de chambre trop longue très lâche à fleurs et tachée. Elle devient particulièrement longue et lâche parce qu’elle fait des mouvements particulièrement rapides pour me saluer, pour disposer convenablement l’album sur la table qui doit servir d’ultime embellissement, et pour aller chercher son mari. Le mari faisant des mouvements semblables, peut-être imités par sa femme qui semble dépendre beaucoup de lui, mouvements rapides avec de forts balancements quand le buste est penché, tandis que le bas-ventre bizarrement reste en retrait. Impression d’un homme connu depuis 10 ans, vu souvent, auquel on a fait peu attention, avec lequel on entre tout à coup dans une relation plus proche. Moins j’ai de succès avec mes exhortations tchèques (il avait déjà signé un contrat avec Roubitschek, mais samedi il était tellement bouleversé par mon père qu’il n’avait rien dit du contrat), plus son visage ressemble à celui d’un chat. Je joue un peu la comédie, ce qui me procure un sentiment très agréable, et, sans dire un mot, je regarde autour de moi dans la pièce avec une mine un peu allongée et des yeux devenus minuscules comme si je poursuivais jusque dans l’indicible quelque chose qui n’aurait été dit qu’à demi-mot. Mais ne suis pas malheureux quand je vois que cela a peu d’effet et qu’au lieu de le voir s’adresser à moi sur un autre ton je dois recommencer à tenter de le convaincre. L’entretien a commencé à propos d’un autre Tullach qui habite de l’autre côté de la rue, et il s’est terminé sur le pas de la porte par son étonnement de me voir porter une veste si légère par ce froid. Significatif de mes espoirs initiaux et de mon échec final. Mais j’arrive quand même à le persuader de venir chez mon père l’après-midi. Mon argumentation par endroits trop abstraite et trop formelle. Erreur de ne pas avoir fait venir sa femme dans la pièce.

#journalkafka, premier cahier, 41

30 jeudi Mai 2013

Posted by Laurent Margantin in Premier cahier

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Ottla, père

Août 1911 Demain je dois partir pour l’Italie. Ce soir le père était tellement agité qu’il n’arrivait pas à s’endormir, affecté comme il l’était par les soucis que lui cause son commerce et par la maladie qu’ils ont réveillée. Sur le cœur une serviette humide, envie de vomir, manque d’air, allers et venues tout en gémissant. La mère en sa peur trouve une nouvelle consolation. Il a toujours été si énergique, dit-elle, il s’en est toujours sorti et maintenant – Je dis que cette mauvaise passe ne durera pas plus d’un trimestre, et puis tout devrait s’arranger. Il marche en gémissant et en secouant la tête de haut en bas. Il est clair qu’à ses yeux ses soucis ne sont ni écartés ni allégés par nous, mais même à nos propres yeux ils ne le sont pas non plus, et même dans notre bonne volonté il y a encore quelque chose comme la si triste conviction qu’il a la charge de sa famille. – Plus tard j’ai pensé qu’il devait être allongé aux côtés de la mère, qu’il devait se tenir serré contre elle, la chair d’un parent doit calmer. – Par ses bâillements répétés et par sa façon de se décrotter le nez, d’ailleurs pas dégoûtante, le père nous rassure un petit peu quant à son état, ce dont nous ne prenons qu’à peine conscience, bien qu’il ne fasse pas cela en général lorsqu’il est en bonne santé. Ottla me l’a confirmé. – La pauvre mère veut aller demain intervenir auprès du propriétaire.

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