La suite du Journal de Kafka (troisième cahier) sur Oeuvres ouvertes
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02 vendredi Jan 2015
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21 vendredi Juin 2013
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Hier soir Café Savoy. Troupe juive – Madame Klug « Imitatrice d’homme ». En caftan courts pantalons noirs, bas blancs, de son gilet noir sort une chemise blanche en fine laine qui, sur le devant, est fermée au cou par un bouton de fil et rabattue en un col large et lâche se terminant par de longues pointes. Sur la tête, enserrant sa chevelure féminine, mais nécessaire aussi pour d’autres raisons, une petite calotte sombre sans bord, que porte aussi son mari, par-dessus un grand chapeau mou et noir, au bord plié vers le haut. A vrai dire je ne sais pas quelles personnes ils représentent, elle et son mari. Si je devais l’expliquer à quelqu’un sans avouer mon ignorance, je verrais que je les tiens pour des appariteurs, pour des employés du temple, des fainéants notoires dont la communauté s’est accommodée, des Shnorrer jouissant d’un traitement de faveur pour des raisons religieuses, des gens qui, justement parce qu’ils ont une situation à part, sont très près du centre de la vie en communauté, des gens qui, suite à leur vie vagabonde, inutile et aux aguets, connaissent beaucoup de chansons et percent à jour la situation de tous les membres de la communauté, mais qui, en raison de leur absence de rapports avec la vie professionnelle, ne savent pas quoi faire de leurs connaissances, des gens qui sont Juifs sous une forme particulièrement pure parce qu’ils ne vivent que dans la religion, mais sans effort, sans compréhension ni désespoir. Ils paraissent se payer la tête de tout le monde, rient aussitôt qu’un Juif noble a été assassiné, ils se vendent à un renégat, dansent de ravissement les mains à leurs papillotes quand le meurtrier démasqué s’empoisonne et invoque Dieu, mais tout cela seulement parce qu’ils sont aussi légers que des plumes, parce qu’ils sont couchés sur le sol à la moindre pression sont sensibles, et pleurent tout de suite le visage sec (ils s’éplorent en grimaces), mais dès que la pression est passée ils ne produisent plus le moindre poids propre et sautent aussitôt dans les airs. Ils devraient donc causer beaucoup de soucis à une pièce aussi sérieuse que le Meschumed de Lateiner, car ils sont constamment sur le devant de la scène de toute leur taille et souvent sur la pointe des pieds ou bien les deux jambes en l’air, et ils ne font pas disparaître l’agitation qui règne dans la pièce, mais ils la coupent en morceaux. Et pourtant le sérieux de la pièce se déroule dans des paroles si closes, si pesées même dans de possibles improvisations, si tendues par un sentiment homogène, que, même quand l’action évolue uniquement à l’arrière-plan de la scène, elle conserve toujours son importance. Ce sont plutôt les deux en caftan qui sont de temps à autre étouffés, ce qui correspond à leur nature, et malgré leur bras écartés et leurs doigts qui claquent on ne voit que le meurtrier derrière qui, une fois pris le poison, chancelle vers la porte la main à son col à vrai dire trop large. – Les mélodies sont longues, le corps se confie volontiers à elles. En raison de leur longueur qui se déroule sur une ligne droite, c’est en balançant les hanches, en écartant les bras, en les levant et en les baissant dans une respiration tranquille, en rapprochant des tempes la paume des mains en évitant soigneusement tout contact qu’on peut le mieux la représenter. Quelque chose rappelle le Slapak – Au cours de certaines chansons, quand on prononça « jüdische Kinderloch », à certains regards de cette femme qui, sur la scène, parce qu’elle est Juive et nous spectateurs parce que nous sommes Juifs nous attire vers elle, sans désir ni curiosité pour les Chrétiens, un frisson a parcouru mes joues. Le représentant du gouvernement, qui est peut-être le seul Chrétien dans la salle à part le serveur et deux bonnes à gauche de la scène est un homme piteux affecté d’un tic au visage qui touche surtout le côté gauche mais traverse aussi fortement le côté droit, tend et détend le visage avec une vitesse presque pleine d’égards je veux dire rapidité de l’aiguille des secondes mais aussi sa régularité. Quand il atteint l’œil gauche, il l’efface presque complètement. Pour cette contraction de petits muscles neufs et frais se sont formés dans ce visage sinon complètement délabré. – La mélodie talmudique de questions, de conjurations et d’explications précises : dans un tuyau passe de l’air et emporte le tuyau, en retour une grande vis fière dans l’ensemble humble dans ses spirales venue de lointains et minuscules commencements tourne en s’avançant vers celui qui est interrogé.
Note du traducteur: Le Shnorrer est un « mendiant professionnel » en yiddish, et a un rôle central dans les communautés juives d’Europe de l’est, merci à Michèle Kahn, auteur du Shnorrer de la rue des rosiers, d’avoir généreusement répondu à mes questions à ce sujet (j’espère pouvoir revenir sur plusieurs thèmes et figures du Journal de Kafka dans une rubrique à venir de ce blog).
27 lundi Mai 2013
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inLes lingères sous les averses.